Une interview
filmée du réalisateur de ce film André Halimi
avec David
Douvette,
historien, aura lieu à Judaiquesfm 94.8, le 2 février
à 9h30 présentée par Yoram et Claudine Douillet
Extraits
du film (vidéo) pour visionner ces séquences veuillez
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Une pléiade
de talents, des vedettes en tout genre des célébrités
parisiennes - pourtant voilà un film terrible - ce film,
"Chantons sous l'occupation", qui montre avant tout
une fête.
Une fête assez étrange, à la vérité,
car elle se célèbre sur les malheurs du temps :
l'humiliation de la France, Hitler dans la réédition
du wagon de Rethondes, les bottes des soldats allemands frappant
le bronze sous l'Arc de Triomphe, les files interminables devant
les boutiques vides que ne remplissaient pas les tickets de rationnement,
les affiches tragiques qui annonçaient les exécufions
de partisans ou d'otages, et cet alibi déguisé en
suprême justification, le vieux et dérisoirement
digne visage du Maréchal.
"Maréchal,
nous voilà", aujourd'hui, c'est presque le leitmotiv
d'une opérette, et pourtant, des images fugitives viennent
ici sonner le rappel d'une dimension tragique, celle de l'histoire,
la Milice les Waffen SS, la fièvre nazie qui gagnait l'esprit
d'une minorité de Français, la Gestapo, et l'ombre
portée des camps de la mort.
Images fugitives, rapides, comme si elles n'étaient que
le fond du décor. Dans ce pays assommé, traumatisé,
la Résistance est encore comme un rêve, la Libération,
une chimère.
Et là dessus, le film raconte une fabuleuse Nouba. Deux
accusateurs, deux avocats éminents viennent nous parler
de cette fête, Me Naud, membre du réseau de résistance
"Musée de l'Homme", etMe Weil-Curiel, premier
français à s'être rallié au général
de Gaulle. Ils ne lui trouvent aucune excuse, et certes pas celles
qu'on met en avant, "la force des choses", "l'obligation
de vivre"... Je crois qu'ils ont raison.
Voici le Tout Pariss, celui du spectacle, des lettres, du cinéma...
Sa gaieté éclate... Mais ce n'est pas la gaieté romantique du désespoir, c'est celle du laisser aller, de la course. à la meilleure adaptation possible aux pires circonstances, ctest la complaisance enthousiaste pour les pires turpitudes.
Ces joyeux fêtards coudoient les maîtres du marché noir, les dénonciateurs qui travaillent pour les allemands, une faune riche et prospère vivant de la défaite, tous ceux qui ne savaient pas... ou ne voulaient pas savoir.
Les yeux fermés sur la tragédie, ces artistes n'ont éprouvé aucune gêne à déguster les petits fours du souriant M. Abetz. Ils ont su goûter les compliments de M. de Brinon. Ils ont accepté de se rendre et de se produire en Allemagne; ils se sont rués sur les marchés des wagons-lits conduisant à Berlin. Echange de bons procédés, des artistes allemands se rendirent à Paris avec le même empressement.
Les rues sont obscurcies, mais, bien à l'abri, des lumières brillent de tous leurs feux, et ces lumières qui scintillent ce ne sont pas celles des étoiles, mais celles de nos stars.
Inutile de citer leur nom, vous, les verrez dans le film. Ce n'est même pas un réquisitoire, c'est un simple constat.
Le générique de la fin évoque une autre France. Pour moi, le "Chant des partisans" qu'on y entend lui restitue heureusement sa place dans ce film aussi affûté qu'un couperet.....
Extraits du film d'André Halimi "Chantons sous l'ocuppation" film réalisé pour internet par Claudine Douillet
"OCCUPATION ETSES DIVERTISSEMENTS VUS PAR...
André
Gide, le 6 février 19 42:
'~Hier soir au cinéma. Les "actualités"
françaises emplissent le cur de larmes et font monter la
rougeur au front. Il semble que le vin de la défaite
nous ait grisé: jamais nous ne nous sommes montrés
plus fiers que depuis qu'il y a si peu de raison de l'être.
On étale sur l'écran tous les titresd'une gloire
passée, tâchant d'en faire déborder l'éclat
jusque sur l'époque actuelle ; on se congratule ; on s'admire
; on s'extasie sur la splendeur et
sur l'énormité fragile de notre "Empire".
C'est à pleurer".
Manouche
On s'amusait ferme...
Claude Pignon
"Quand Derain, Vlaminck et compagnie, invités par
Goebbels, ont fait ce fameux voyage en Allemagne, le peintre Goerg
(il écrivait pas mal car il avait une plume agile) fit
un article terrible contre ces gens. Il y avait parmi eux Dudot,
Legueult, Maillol, Belmondo, DespiauIls étaient surtout
naïfs pour la plupart. Pas tous! Auparavant, j'avais rencontré
Vlaminck à la galerie de l'Elysée, rue du Faubourg-Saint-Honoré
; je rentrais de la guerre, c'était fin 1940 ; eh bien,
il y avait Vlaminck en pantalon écossais - je ne l'avais
jamais vu, mais je l'ai reconnu - avec deux officiers allemands,
qui se tenaient bras dessus bras dessous, à tu et à
toi"'
Sous l'ocuppation
Me André Weil-Curiel
"... En automne
de 1940, je m'étonnais de voir des établissements
de luxe, les dancings, les grands restaurants, les boîtes
de nuit s'ouvrir aux "touristes" en uniforme sans la
moindre gêne.
Je me scandalisais de voir tant de Français aussi parfaitement
à leur aise au milieu de ces soldats et officiers allemands,
qui, s'ils se comportaient décemment à Paris, n'en
étaient pas moins les mêmes que ceux qui maltraitaient
nos prisonniers, qui avaient mis l'Europe à feu et à
sang pour satisfaire leur rêve de puissance, qui avaient
massacré des millions d'êtres humains de la Vistule
à la Bidassoa, et qui promenaient maintenant leur insolente
oisiveté de triomphateurs au milieu des badauds parisiens.
J'aurais, voulu que le vide se fit spontanément, autour
d'eux. Il n'en était malheureusement rien.
La France au
travail du 25 septembre 1940
.. Si nous avons perdu Metz et d'autres villes, Willemetz nous
reste, et cela nous console...
Georges de la
Fourchadière dans l'Oeuvre du 15 août 1941 ... Pourquoi
ne serait-il pas permis aujourd'hui aux amateurs fervents de danser?
On peut noter, avec une certaine tristesse, qu'à Paris,
de même qu'en zone non occupée, toute une certaine
élite, que je pourrais qualifier, d'une façon générique,
le "clan des gens qui ont l'habitude de voir leur nom dans
les journaux", ne sut pas résister à cette
forme discrète de la collaboration qui consistait à
collaborer avec les collaborationnistes.
Quels que fussent les sophismes dont ils déguisaient leurs
actes, le fait d'écrire un article, même anodin,
dans un journal qui n'était qu'une feuille de propagande
hitlérienne, de jouer dans un théâtre qui
n'était autorisé à rouvrir que dans la mesure
où cela servait les desseins des nazis, de tourner un film,
de se comporter, en bref, comme si la gù'erre n'avait pas
eu lieu, constituait une manière indirecte de servir
les intérêts allemands."
Madeleine Jacob
"En arrivant place de l'Opéra, je vis sur les marches
de notre Académie Nationale de Musique, un orchestre militaire
allemand, et qui donnait aux Parisiens (hélas, il y avait
foule) un concert..."
L'Appel,,
Enfin les Français peuvent devenir SS
La Révolution
nationale, 26 avril 1942 Le programme français: collaborer
et manger.